Les enjeux
Avant toute chose, et face à n’importe quel problème il est important de l’aborder avec humilité : l’objet n’est pas d’apporter la réponse absolue et parfaite mais de trouver le meilleur équilibre bénéfice / coût. En d’autres termes, il faut aborder le problème avec méthode et identifier posément les enjeux pour commencer à poser une stratégie. C’est ce que nous allons faire dans ce chapitre.
Ne pas rompre avec l’usage classique
Ce premier point est tout à fait central car il déterminera le niveau d’adoption de la solution déployée.
Concrètement, prenons l’exemple d’une lumière au plafond dans un séjour. Celle-ci offre la possibilité d’être allumée et éteinte (heureusement). L’usage est que nous disposions d’un simple interrupteur mural pour réaliser cette action et cette façon de faire existe désormais depuis des lustres (sans mauvais jeu de mot).
Si nous sommes amenés à faire disparaître l’interrupteur pour le remplacer par une interface avec plusieurs interaction pour réaliser cette simple action on/off il est certain que pour les non initiés (et même à moyen terme pour celui ayant demandé ou fait l’installation) soit très fortement générateur de frustration.
On peut retrouver ce concept sur différents sites sous le sigle WAF pour Wife Acceptance Factor. Sans s’attarder sur la nomination inutilement genrée et misogyne (tout le monde est concerné), le fait essentiel à retenir est que l’équipement ne doit pas rompre avec l’usage classique et se doit d’être simple et proprement intégré (pas de câble qui trainent, etc..).

La faisabilité : dessiner les contours de votre projet
Cela semble trivial mais cela mérite tout de même de s’y attarder quelques secondes. La faisabilité recoupe plusieurs points dans le cadre de ce projet qui mérite notre attention.
Intégration physique
Une interface domotique peut avoir de nombreux aspects différents et les choix que nous prendront devrons intégrer une variable non négligeable dans la définition de notre projet et il est intéressant de répondre à plusieurs questions avant de se lancer :
- Est-ce qu’il m’est possible de réaliser des travaux électriques dans mon appartement ?
Une interface devant être alimentée, cette contrainte n’est pas anodine : le point d’intégration de l’interface sera guidée en partie par la nécessité de l’alimenter - Est-ce que je suis un minimum bricoleur ?
Sans parler d’aller jusqu’à passer une gaine dans un mur, il sera également question de potentiellement poser une boite d’encastrement ou fixer les équipements à l’endroit souhaité
Ces 2 premières questions semblent anodines mais il est vraiment important de se les poser avant de se lancer pour adapter le projet en fonction des réponses apportées.

Intégration à votre solution en place
Dans cette série d’article, le point de départ de mon projet est une solution domotique déjà installée, pleinement opérationnelle et stable.
Quelques nouvelles questions à se poser avant de commencer :
- Est-ce que ma solution domotique me permet de facilement l’étendre et interagir avec elle ?
La réponse à cette question est centrale et pourra potentiellement fortement réduire le champ de possible : dans le cas d’une solution propriétaire il est fort à parier que seules les interfaces proposées par la marque se verront compatibles. - Avez-vous des compétences en informatique et plus précisément en programmation ?
Le niveau de « geekerie » est également important : au plus vous êtes à l’aise avec les nouvelles technologies au plus le sur mesure sera envisageable. Si le sigle API ne vous fait pas peur, c’est déjà un bon point

Le temps & l’argent
Ne nous voilons pas la face, ce type de sujet va demander d’y consacrer de l’énergie dans ses différentes phases : de la conception à l’installation mais également après à la maintenance.
- Combien de temps suis-je prêt à investir dans ce projet ?
Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse, mais la position du curseur pourra aussi déterminer le niveau de complexité du sujet dans lequel on s’embarque - Combien suis-je prêt à investir en terme financier ?
Là aussi, en dehors de 0 € il n’existe pas de mauvaise réponse. Mais celle-ci pourra évidemment conditionner la suite du projet et le niveau d’intégration
Les contours de votre projet
En répondant à ces quelques questions, vous avez commencé à avoir un aperçu des contraintes face auxquelles vous allez vous heurter lorsque vous vous lancerez dans votre projet. L’objectif n’est pas du tout de vous découragez, mais au contraire de partir sur la meilleure solution.
Le plus important : donner du sens
Mais « pourquoi faire? » est très certainement la question que j’ai le plus entendu lorsque j’ai eu l’occasion d’échanger avec mes proches sur ce sujet.
Et celle-ci est très certainement la plus pertinente de toutes : afin de garantir le succès de n’importe quel projet il est indispensable de se fixer des objectifs clairs pour lui donner du sens.
Je vais piocher une nouvelle fois dans mon expérience pro sur la conduite de projet pour donner quelques clefs sur ce sujet (ces clefs sont évidemment à tempérer par le fait que ce projet se joue dans un cadre uniquement personnel et n’engage que moi et mon temps).
S’inspirer du Design Thinking
Le Design Thinking est une approche très largement reconnue dans la conception de produits innovants employée par les majors de l’industrie et les start-ups.
Pas de cours de méthodologie ici, mais quelques points clefs dont on peut s’inspirer :

- Comprendre
L’objectif ici est de cerner les attentes de vous mais également des autres utilisateurs potentiels. Si vous avez un ou une conjoint(e) ainsi que des enfants, il est intéressant de les questionner. Qu’est-ce qu’ils attendent de ce que vous commencez à imaginer ? Pour rappel, le succès de votre projet dépendra également de l’adoption par les autres utilisateurs possiblement moins « experts » ou « ouverts » que vous à ce changement.
Cette phase, aussi appelée d’empathie, vise à se mettre à la place de l’ensemble des utilisateurs et pas simplement de vous. - Définir le problème
L’objectif ici est de cerner les attentes et dans quelle finalité. Dans notre cas, nous pourrions traduire ça par le fait de lister les cas d’usages que nous souhaiterions résoudre par la mise en place de cette interface (exemple : #1 Gérer le thermostat de ma pièce #2 Choisir en un clic une ambiance à appliquer).
En sortie nous devrions pouvoir retrouver une liste de besoins auquel la future interface devra répondre au mieux
Si vous êtes intéressé, il existe foule d’articles sur le Design Thinking et par extension le Design Sprint sur le web, autre autre:
- « Usabilis : qu’est-ce que le deisgn Thinking » : article extrêmement riche sur le sujet et son histoire
- « Kaliop : Design Sprint : faire de l’innovation avec du Design Thinking » : pas mal de clefs sur la compréhension de la méthode Design Sprint
Prioriser son besoin : la matrice MoSCoW
Encore une fois, il existe une foule d’approches et de méthodes. Je vous donne quelques clefs ici sur comment ordonner vos attentes.
L’une des plus connue est la méthode MoSCoW, pour reprendre ce qui est dit sur la page Wikipedia :
- M : must have this, c’est-à-dire ‘doit être fait’ (vital).
- S : should have this if at all possible, c’est-à-dire devrait être fait dans la mesure du possible (essentiel).
- C : could have this if it does not affect anything else, pourrait être fait dans la mesure où cela n’a pas d’impact sur les autres tâches (confort).
- W : won’t have this time but would like in the future, ne sera pas fait cette fois mais sera fait plus tard (luxe, c’est votre zone d’optimisation budgétaire).
Le fait de catégoriser la liste de besoin selon ces 4 critères va vous faire vous poser les bonnes questions et vous permettre de prioriser et mettre l’accent sur ce qui a le plus de valeur. Il est parfois préférable de sacrifier certaines fonctionnalités au profit d’autres qui se révèleront bien + utile.

En quête de sens
L’objet n’est pas d’entrer dans une logique pro ou de perdre le côté « fun » du projet mais bien de donner un cadre et une finalité. Ce projet en ce qui me concerne est parti dans de très nombreuses directions avant que je réussisse à canaliser un peu mes idées et cela m’a permis d’avancer (là où j’ai longtemps fait du surplace).
On l’oublie souvent, mais savoir où aller est le meilleur moyen d’atteindre sa destination. Ces quelques clefs m’ont permis d’avancer dans ma réflexion et mon projet
